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Datura




Brugmansia suaveolens (H.&B. ex Willd.) Berchtold

Datura suaveolens L., Datura suaveoiens N.B. ex Willd.

Autres noms veraacufaires

Antilles francophones :   konkom zombi, fleur trompette, trompette, trompette de Jéricho, trom­pette des anges, chapo lévèk, datu, flètwonpèt, kloch.

Originaire d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud, le datura est devenu pantropical et s'est naturalisé aux Antilles. Subspontanée jusqu'à 700 m d'altitude, le datura est égale­ment cultivé dans les jardins pour ses belles fleurs odoran­tes. Fleurissant d'octobre à mars, il se multiplie par graines ou par boutures de liges.

Ce datura arborescent est un petit arbre de 2 à 5 m de hauteur dont le tronc grisâtre porte des branches grêles très ramifiées. Les grandes feuilles sont elliptiques, à base souvent asymétrique. Les fleurs en forme de cloche, odorantes le soir, sont pendantes et poussent solitaires aux aissel­les des feuilles supérieures. La couleur des fleurs dépend de leur maturité : jeunes, elles sont blanc ivoire puis devien­nent rosées à abricot. Les fruits, assez rares, sont des capsules fusiformes contenant des graines rugueuses comprimées.

Sous le nom de toloache, les Aztèques employaient la plante comme divinatoire. En Europe, une espèce voisine, la stramoine, a servi pour empoisonner les criminels. Aux Antilles, les feuilles passées à la flamme étaient appliquées sur les enflures et les inflammations (Descourtllz, 1827). En Amérique du Nord, l'espèce voisine, Datura stramonium, Solanacées

Famille du piment, est restée célèbre dans la mémoire nord-américaine. Avec ses racines, les Indiens Algonquins préparaient un breu­vage hallucinogène initiatique, le wysoccans , qu'ils administraient aux jeunes hommes, leur faisant perdre la mémoire de leur enfance et leur permettant d'entrer dans la vie adulte. En 1666, près de la ville de Jamestown en Virginie, des soldats furent intoxiqués en masse après avoir consommé plusieurs plants de ce daîura en guise de repas. La plante est connue dans tout le bassin caribéen ainsi qu'en Amérique du Sud pour ses propriétés hallucinogènes et délirogènes. En Martinique, la décoction des fleurs est réputée antiasthmatique et les pharmacopées végétales euro­péennes et chinoises reprennent, entre autres cette indication. ÀTrinidad, les vapeurs du bain des fleurs et la décoc­tion des feuilles sont employées dans le traitement des hémorroïdes. Le cataplasme des feuilles est appliqué sur le corps en cas de prolapsus de l'utérus. Au Honduras, le cataplasme des fleurs est utilisé contre les tumeurs et les céphalées (House, Lagos-White, 1995).

 Ce sont des plantes riches en alcaloïdes (hyoscyamine, scopolamine, atropine) dans tous leurs organes, elles sont vénéneuses et toxiques. Les propriétés psychotropes de ce genre botanique sont connues depuis le 1er siècle. Ses alcaloïdes présentent des analogies avec les hallucinogènes, mais s’en différencient par une action spécifique. Ils agissent par blocage de l’effet d’un médiateur chimique (l’acétylcholine) du système nerveux parasympathique. Ce sont des anticholinergiques appartenant au groupe des esters glycoliques. Ces produits ont été distingués des hallucinogènes. Ils sont aussi classés dans la famille des hallucinogènes délirants. Dérivés de l’atropine, scopolamine et hyosciamine induisent un état de conscience comparable au delirium tremens (syndrome anticholinergique ou atropinique), qui leur doit d’avoir été différenciés des autres produits hallucinogènes. Ils provoquent un état confusionnel assimilé à une phase de début de psychose aigüe où surviennent des hallucinations véritables . Le sujet ne peut alors distinguer son environnement extérieur de son monde intérieur. Le sujet ne les rattache pas à la prise de drogue et n’a aucune distance par rapport à celles-ci. Il n’a pas les moyens de les différencier de son environnement habituel. De plus, elles possèdent la faculté de détruire les doryphores. En effet, les larves de ces insectes sont attirées par les feuilles de datura, les grignotent et meurent empoisonnées. Il va sans dire que les enfants ne doivent en aucun cas toucher ces plantes vénéneuses.

Composition et activités pharmacologiques:

La teneur en principes actifs varie d'une plante à l'autre et même entre les différentes parties d'une même plante. Les différentes espèces de Datura renferment des alcaloïdes dérivés du tropane : hyosciamine, atropine, scopolamine. Les feuilles contiennent 0,5 % des alcaloïdes totaux surtout de la scopolamine dans les feuilles adultes et de l'hyosciamine clans les jeunes feuilles. La scopolamine est l'alcaloïde principal dans les feuilles mais aussi dans les graines, les fleurs et les tiges (70 %) alors que celui des racines est l'hyosciamine (65 % des alcaloïdes totaux) (Hutchings, 1996). Ces composés se retrouvent dans toutes les parties de la plante y compris dans la sève. La plante entière est donc toxique et entraîne chez l'homme une intoxication de type atropinique, caractérisée par une action hypnoti­que, parasympatolytique, hallucinogène, avec dilatation des pupilles, hypertension mtra-oculaire, convulsions et confusion mentale. A faible dose, les alcaloïdes sont analgésiques s'ils sont absorbés par la peau. Ingérés, ils provo­quent un léger effet antispasmodique musculaire (Wong, 1976). Les extraits de feuilles et fruits ont montré des proprié­tés anticholinergiques (Hutchings, 1996).

Usages recommandés

Malgré l'action bronchodilatatrice, cette plante ne doit pas être employée en raison de sa toxicité démontrée.

En Résumé:

Parties utilisées :

Feuilles, capitules, graines, racines. (néanmoins toutes les parties de la plante contiennent des principes actifs en plus ou moins grandes quantitées.)

 

Constituants :

  • hyoscyamine,
  • hyoscine,
  • coumarines,
  • tanins,
  • withanolides,
  • scopolamine.

 


Usages : Sorcellerie, rituels magico-religieux, médicinal, aphrodisiaque... 
 Hallucinogène, délirogène, antispasmodique, asthme, toux.

 Mises en garde :

Toutes les parties de la plante sont toxiques et l'usage de datura n'est en aucun cas recommandé.
D'autres part, il y a toujours un risque de surdose, pouvant prolonger l'ivresse à plusieurs jours, voir provoquer la mort.
De plus, les hallucinations paraissent tellement réelles qu'il est facile de se blesser ou de se tuer.
Bon nombre de personnes se sont jetées dans le vide croyant être poursuivies par des monstres, ou se sont noyées dans des eaux profondes en voulant étancher une soif inextinguible.
La vue peut être brouillée pendant plusieurs jours.

En cas d'intoxication

II faut assurer, en plus de la respiration, un apport liquidien adéquat par voie intraveineuse, mesurer les ingesta et excréta, surveiller la fonction rénale, traiter l'hyperthermie (hydratation IV, vaporisation corporelle pour faciliter l'évaporation externe). Un monitoring cardiaque ainsi que la saturométrie digitale en continu sont nécessaires. La rétention urinaire (effet anticholinergique) impose la mise en place d'une sonde vésicale. La prévention de compli­cations rénales par rhabdomyolyse est aussi primordiale. En cas d'excès de rigidité musculaire, d'agitation ou de convulsions, utiliser des benzodiazépines (diazépam, chlordiazépoxide) plutôt que des phénothiazines. Si on doit intuber, ies agents dépolarisants (succinylchoiine) sont déconseillés. Après prise de contrôle et stabilisation du patient et lorsque le médecin s'est assuré que les voies respiratoires supérieures sont bien protégées, la déconta­mination avec une dose de charbon de bois activé et sorbitol non répétée est suggérée. La physostigmine, agent cholinergique, est théoriquement l'antidote de choix pour l'intoxication pure au datura. En pratique, son usage est peu répandu.