Nicotiana
tabacum

Solanacées
(Famille
du
piment)
Noms vernaculaires: tabac,
tabaco:
L'origine
du nom du tabac est incertaine. Pour les uns, tabac
proviendrait de tobaco
d'origine amérindienne, mais selon
Girre et Labat, il doit son nom à la
province mexicaine de Tabaco, ou Tabasco, où la plante fut
découverte
par les espagnols.
Origine,
distribution, écologie:
Originaire
du continent sud-américain, le tabac fut
introduit et cultivé en Amérique centrale et aux
Antilles durant la période précolombienne par les
Tainos et les Caraïbes. Il est de nos jours cultivé
dans le monde entier, y compris aux Antilles.
Le tabac apprécie les sols secs. Il
fleurit pendant la saison sèche,
de février à mai, et se multiplie par graines.
Le
tabac
est une plante annuelle dont la tige atteint 2 m de haut, à
grandes feuilles alternes oblongues, pouvant
mesurer 70 cm de longueur et 45 cm de largeur. Ses fleurs tubuleuses
rosés
et rouges sont groupées en panicu-les terminales et
axillaires. Il
diffère du tabac mâle (Nicotiana rustica L.) qui
ne dépasse pas 1
m et dont les fleurs sont jaunâtres. Le fruit est une capsule
ovoïde d'environ 1,5 cm de diamètre, à
nombreuses graines brunes ridées.
Historique
et
usages traditionnels:
Héritage
des Amérindiens,
le tabac était
fumé
bien avant l'arrivée de Christophe Colomb.
Les Aztèques
mastiquaient des boulettes de feuilles pour les effets toniques et
reposants de
la plante. Les Caraïbes ont appris aux
colons à
utiliser le petun
en
fumigation et en application locale pour guérir les morsures
de
serpent. Introduit en Europe dès le xvi' siècle,
le tabac était
une «
herbe sainte » considérée
comme une panacée avec le pouvoir d'apaiser la faim, de
cicatriser les ulcères
et
les blessures, et d'être bénéfique
pour les maladies des bronches et des poumons ! Aux Antilles-Guyane, la
feuille
écrasée
avec du roucou devait préserver des piqûres
de la chique et cicatriser les plaies provoquées par
l'extraction de
ce parasite (Cabre, 1939). Dans tout le Bassin caribéen,
les feuilles de tabac sont considérées
comme antalgiques externes : écrasées
ou chauffées,
elles sont appliquées localement pour
soulager les céphalées et les douleurs
rhumatismales. Les Créoles de Guyane associent les feuilles
sèches
au balai doux (Scoparia dulcis) pour
lutter contre la sinusite. Les Wayapi utilisent !e goudron de nicotine
pour
tuer les larves de ver-macaque (Dermatobia hominis). Les Palikur
emploient les feuilles vertes comme cholagogues (Grenand et al., 1987).
En
Dominique, l'infusion des feuilles est utilisée en cas de
nervosité, d'asthme et de bronchite (Adjanouhoun et al.,
1985). À Haïti, le jus des feuilles
froissées
et leur décoction sont conseillés en application
ou friction sur le cuir
chevelu, dans le traitement des pédiculoses. À
Trinidad, l'infusion des feuilles est additionnée de punch
pour pratiquer des frictions
antirhumatismales. Le cataplasme des feuilles soulagerait les douleurs
dentaires et celles du post-partum (Wong, 1976).
Composition
et
activités pharmacologiques:
La
feuille
de tabac est riche en alcaloïdes.
17 alcaloïdes sont identifiés dont 2 à
10 % de nicotine, nor-nicotine,
anabasine, anatabine, tyramine, nicotianine. Elle contient des acides
organiques : malique (85 %), citrique, fumarique, oxalique,
succinique, etc. ;
des acides phénoliques : chlorogénîque,
quinique, nicotinîque ; des flavonoïdes : rutoside,
kaempférol, quercétine ; des bases volatiles, des
traces de
coumarine (aesculéline) et d'huile
essentielle, de nombreux enzymes (Tramil Q, 1997), du nitrate de
potassium
(Grenand étal., 1987). La graine
contient 30-40 % d'une huile riche en glycérîdes
des acides palmitique, oléique, linoléique
(Kerharo, 1974), et en triterpènes (cycloartanol,
lanostérol).
Le tabac doit sa toxicité à la
nicotine, alcaloïde dépresseur du
système
nerveux central et autonome. Provoquant une
accoutumance, le tabac est responsable de 20 % des cancers dans le
monde. La
nicotine possède une action ganglioplégique,
entraînant
la mort par paralysie respiratoire et
cardiaque. La dose mortelle chez l'adulte est de 60 rng, soit seulement
1 5 à 20 g de feuille fraîche. Le tabac est
également toxique pour les animaux à sang froid
(Grenand et al., 1987), d'où les effets parasiticides. La
racine montre des
propriétés insecticides, la nicotine
étant
un insecticide de contact. La feuille possède une
activité
antivirale, notamment sur l'herpès virus. La graine est
active, in vitro, sur
les poux Puccinia recondita (Tramil 9,
1997).
Mal utilisée, cette plante est néfaste par la
présence d’un alcaloide, la nicotine, à
pouvoir toxique élevé.
En effet, deux à trois centigrammes de nicotine suffisent
pour provoquer la mort d’un homme. C’est ce qui
explique qu’on rend le tabac responsable des troubles
cardiaques, vasculaires ou gastriques, de pharyngites, des cancers des
poumons etc.
Toutefois, utilisée à bon escient, elle
peut être une plante médicinale très
utile.
L’infusion des feuilles, (une feuille dans un
demi-litre d’eau bouillante), ferait transpirer et uriner en
abondance. En prendre une à deux tasses/jour.
A dosse supérieure(deux feuilles mises à infuser
pendant dix minutes dans un demi-litre d’eau), elle
provoquerait de violents vomissemnts et serait un purgatif efficace.
Pour cela, on conseille de boire une demi tasse de cette infusion tous
les ¼ d’heure, et pour un augmenter
l’effet, on recommande de boire un grand verre
d’eau tiède et de se mettre au lit.(Cabre)
La nicotine posséde une activité inhibitricde des monoamines oxydases(IMAO)
Usages recommandés
Poux:
Appliquer
sur le cuir chevelu la décoction des feuilles (20
g dans 1 50 ml d'eau). Laisser en contact une vingtaine de
minutes et rincer.
Renouveler l'application 8 jours plus tard pour tuer les lentes
devenues
adultes dans l'intervalle.
0n peut
aussi verser 140 ml d'eau dans un récipient placé
directement sur le feu et y ajouter des feuilles
desséchées et
triturées, en quantité suffisante (15
à 20 g environ), et mettre le
tout à macérer, pendant une durée de 5
à 10 minutes, puis soumettre le
tout à une cuisson de 3 minutes, après le
début de l'ébullition, et
ensuite à une macération d'une heure.
Pour
obtenir 120 ml de jus de feuille, on verse 480 g de feuille
desséchée
et triturée dans une quantité d'eau suffisante
pour obtenir une
réhydratation du matériel
végétal, et on laisse macérer pendant
3 à 9
heures. Ensuite, le matériel végétal
ainsi traité sera passé au moulin
et l'extrait liquide ainsi obtenu sera filtré avant usage.
L'application
peut se faire avec un coton, une gaze ou un morceau de tissu. Elle doit
se prolonger pendant 15 minutes, à raison d'une application
par jour.
Il faut de 7 à 10 séances de traitement.
Céphalées,
arthroses:
Laisser
macérer dans du vinaigre
cinq feuilles jaunes séchées au soleil.
Après fiitration, employer la lotion en friction sur
les arthroses. Les feuilles écrasées peuvent
être appliquées sur le front pour soulager les
céphalées.
Insecticide naturel (protection
des végétaux)
Contre les
pucerons, les cochenilles et autres insectes parasites,
pulvériser sur les végétaux
la macération des feuilles
ou des racines dans de l'eau froide (200 g/litre).
Précautions
d'emploi
Ne pas
employer le tabac par voie interne, la nicotine étant
toxique.
En Afrique, le tabac entre dans la
composition de poisons de flèche, et les pêcheurs
l'emploient pour intoxiquer les poissons.
Réf.
Tramil
J.L.Longuefosse: Plantes
médicinales caribéennes